Hubert Sagnieres, Président de Campagne Fonds Ginette Solidarité — Ginette solidarité

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Fonds Ginette Solidarité Fonds Ginette Solidarité
 

Etat des dons : 4 M€

1800 donateurs

Pour un objectif de 4,5 M€

pour aider 60 jeunes défavorisés, méritants, à intégrer Ginette chaque année, grâce à un fonds pérenne.

Hubert Sagnieres, Président de Campagne Fonds Ginette Solidarité

Entretien avec Hubert Sagnières, (SG 73-76), PDG d’Essilor International depuis 2012
Nouveau président de la campagne « Ginette Solidarité ».

Pourquoi avez-vous accepté d’être président de cette campagne « Ginette Solidarité » ?

H.S. : Trop de Mozart sont assassinés en France et partout ! Aplanir des barrières financières pour leur donner la formation qu’il faut est une cause importante, en laquelle je crois. Par ailleurs, « Ginette Solidarité » me semble une idée efficace avec un objectif quantifiable et complètement atteignable : elle vaut la peine de s’y engager. La notion de « give back » a également été déterminante.

 

Qu’avez-vous reçu de vos années à Ginette ?


Il faut remettre ces années dans leur contexte... Cela fera quarante ans l’an prochain que j’en suis sorti ! Quand j’ai débarqué à Versailles, j’arrivais d’une petite ville de province et d’un environnement familial très petit fonctionnaire avec une mère prof et un père soldat. C’est sûr que quand on a des prédispositions en maths et physiques, Ginette aide à formater ses capacités et ses neurones. Mais ce que j’en ai retenu d’abord, c’est la notion d’équilibre, de « work life balance » : ne pas travailler 22 heures par jour 7 jours sur 7, mais savoir se détendre à fond, faire du sport à fond, travailler à fond. Et, bien sûr, le méli-mélo des principales valeurs d’humanisme, de religion, de  « jésuitisme », d’éthique, de collectif donne une grande solidité morale et humaniste. C’est un socle phénoménal sur lequel on s’appuie.

 

Quels sont vos désirs ou vos convictions pour cette école ?


Continuer à exceller et avoir de bons scores, bien sûr,… mais ce n’est pas cela que j’ai envie de vous dire ! Par déformation personnelle, je dirais qu’il faut avancer et se réinventer sur une dimension plus mondiale. Notre système français prépa-grandes écoles, dans une culture cartésienne, donne des têtes rapides, qui savent raisonner et qui vont de l’avant. Mais les problèmes qu’on a à traiter tous les jours ne sont pas des équations ! La formation de Ginette c’est bien quand on a immédiatement l’autre réflexe, celui de l’humain. Pas au sens affectif, mais dans le sens anglo-saxon de sciences humaines, qui incorpore beaucoup de choses : géographie, droit, économie, gestion des organisations etc.… et le plutôt c’est le mieux ! J ai eu la chance de pouvoir continuer après mon école  avec une licence de sciences-éco et un MBA de l’Insead.  Une connaissance humaine plus poussée, à chaque étape de mon parcours, m’aurait peut-être mené au même endroit mais avec moins de stress et moins d’erreurs !  

 

 

Quels sont pour un dirigeant d’entreprise les leviers pour diriger une entreprise, la développer et emmener autour de soi des femmes  et des hommes ?


Au-delà de l’acquis, je pense qu’il faut une immense humilité. Plus on a de pouvoir, plus il faut être humble. Sinon on se plante. Il faut une très grande écoute. Dans mon job, on est tout seul, tous les matins, 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, même si on est entouré de la meilleure équipe au monde ! Deuxièmement, il faut pour son entreprise ou sa cause une ambition immense et saine. Lorsque vous représentez 50 000 personnes, avec leurs familles 200 000 et leurs proches 1 million de personnes, si vous les entrainez avec de petites ambitions et de petits projets, vous n’allez pas résister aux milliers de problèmes qu’ils sont en train de vivre. Et enfin j’ajouterai que pour pouvoir prendre des risques, entreprendre, rebondir, une certaine naïveté est bénéfique. Ni trop ni trop peu ! Elle va vous permettre de dire des choses qui sortent de l’ordinaire, d’aller dans un sens qui n’est pas celui auquel on pense. La naïveté de penser que ce que personne n’a réussi pour le moment dans ce domaine-là, pourquoi ne l’essayerions-nous pas ?

 

Qu’est-ce qui vous touche dans le système de l’Internat de la Réussite tel qu’il est développé à Ginette ?

 

Je pense que cette initiative du gouvernement français est sur le bon sujet : l’éducation. Tout passe par là depuis le plus jeune âge jusqu’à un âge avancé. J’ai trouvé formidable cette découverte de l’Internat de la Réussite à Ginette. Identifier certaines personnes qui sont passées par un bon système éducatif et qui ont la possibilité d’exceller… c‘est super ! Est-ce que cela s’identifie automatiquement à un ascenseur social ? C’est réducteur, je trouve. Prenons le cas de quelqu’un qui sort de Ginette, fait Centrale et part au Pakistan où il crée sa Fondation pour aider les jeunes filles violées : il n’y a pas d’ascenseur social mais il y a de l’excellence.

 

 

Comment caractériseriez-vous une vie réussie ?


Oh my God ! (rire) Je vais vous dire ce que ça n’est pas : ce n’est pas le pouvoir, ni la richesse, ni le bling bling, ni « moi versus les autres ». je pense qu’une vie réussie se situe plus par rapport à soi : qu’est-ce que j’ai accompli ou envie d’accomplir ? Est-ce que je trouve ma place dans ma communauté par ce que je fais ? J’ai rencontré récemment, en Chine, dans le fin fond rural du Yunan, un jeune américain de 28 ans. Diplômé du Boston Collège, il a créé tout seul une petite fondation qui fait travailler 3 personnes. il est super bien dans sa peau. Quand ses copains de Boston qui travaillent chez Goldman Sachs, à New York,  gagnent déjà 150 000 dollars par an, lui a un budget annuel de 50 000 dollars. Il est en train de  réussir sa vie, je crois, parce que ce qu’il accomplit est complètement en accord avec toutes les dimensions de sa personne.  Il est heureux !

Selon vous, quels sont les grands défis pour la jeunesse aujourd’hui ?


La jeunesse n’a pas des défis mais des OPPORTUNITÉS . Les défis, la défaite se sont des problèmes de vieux ! La jeunesse d’aujourd’hui a des opportunités encore plus immenses que celles que nous pouvions avoir, parce que nous vivons dans un monde où la communication est instantanée, globale, rapide. Les opportunités qu’ont les jeunes de façonner le monde, leur communauté, de réinventer ce qui est autour d’eux sont gigantesques…

Pensez-vous qu’il y ait des contraintes particulièrement en France : une lourdeur administrative, des freins à l’entreprise ?

Les contraintes, il y en a dans tous les pays. Elles sont différentes. Le jeune français de 25 ans qui veut entreprendre a des problèmes à traiter qui sont de nature différente de ceux d’un autre pays. Je viens de m’associer à une petite entreprise chinoise qui vaut aujourd’hui plusieurs centaines de millions de dollars. Le gars qui a fondé cela à 25 ans en a 32 aujourd’hui. C’est phénoménal tous les obstacles qu’il a dû surmonter dans son parcours. Mais il ne s’est pas battu sur les mêmes sujets que le jeune français de 25 ans. En France, à 25 ans tout est possible aussi pour un jeune entrepreneur, mais ce n’est pas les mêmes sujets, pas les mêmes batailles. Ne soyez pas pessimistes sur la France, c’est un pays extraordinaire !

 

 5 moments clés de votre parcours ?

1.L’héritage familial est très important, parents frères et sœurs : on se forge jusqu’à 20 ans !

2. Ginette, vu le contexte d’où je venais, a été une pierre d’angle, très importante.

3. La rencontre avec mon épouse Anne et la vie que nous avons eue ensemble depuis presque  40 ans

4. La richesse et la diversité qu’apportent mes 5 enfants, et mes belles filles , qui ont tous et toutes des horizons très différents

5. Ma rencontre avec Essilor a été marquante car c’est une société très humaine basée sur une méritocratie profondément ancrée.

 

Extrait de la revue de l'association des Anciens Elèves, SERVIR 177 de décembre 2015.